Déjà, nos vacances se terminent et avec elles s’efface l’illusion d’une société moins rude. Il faut se rendre à l’évidence : la France de Sarkozy déçoit, divise et déchire. Affaires et connivences entre le pouvoir et les plus fortunés ont laissé un goût amer aux journées de juillet ; dérives sécuritaires et xénophobes donnent la nausée en cette fin de mois d’août. Septembre s’avance et chacun pense au débat sur les retraites qui débute au parlement le
mardi 7 septembre.
Si le gouvernement se félicite d’un bon chiffre sur la croissance, pour les salariés en général et pour les fonctionnaires en particulier, l’heure est toujours à la rigueur. Poursuite des suppressions d’emplois, gel des salaires, hausse
des cotisations retraites... Les fonctionnaires payent les effets de la crise. Las ! Le Ministre du budget prétend rechercher des économies supplémentaires de l’ordre de 8 milliards en 2011 !
La rentrée scolaire est marquée par des conditions inacceptables pour les lauréats des concours, par la mise en place chaotique de la réforme de la classe de seconde, par la déstructuration de l’éducation prioritaire et l’abandon
de l’ambition éducative dans les collèges. Pas de manuels en seconde, du saupoudrage en guise d’enseignements d’exploration, des grands messes ou des défilés d’élèves en guise d’accompagnement personnalisé. En collège, une
batterie de micro compétences à évaluer en guise de modernisation et d’individualisation de l’évaluation…
Quel métier nous prescrit-on ? Quelle école nous fabrique-t-on ?
Dans le même temps, c’est d’une autre réforme des retraites dont la nation a besoin. Nos mobilisations doivent mener à des négociations dont l’objectif est de maintenir le taux de remplacement (rapport entre le dernier salaire perçu et la première pension versée), ce qui suppose de modifier le partage des richesses en faveur des salariés, d’imposer une augmentation des cotisations patronales et une hausse des impôts pour les catégories les plus favorisées.
L’augmentation de la durée de cotisation ne peut qu’entraîner une baisse de ce taux de remplacement, sauf à prendre en compte les années d’étude et d’inactivité contrainte dans le calcul des annuités, à mettre en place
des dispositifs d’aménagement des fin de carrière. Oui, la perspective d’une retraite à 60 ans égale à 75% du salaire des six derniers mois après 37.5 années de cotisation reste d’actualité !
Non, nos professions ne resterons pas inertes en attendant un hypothétique changement de politique. Alors que la fuite en avant d’un gouvernement discrédité est patente, il nous faut agir sans délai. Profitons de la prérentrée et des assemblées générales du lundi 6 septembre pour imposer une gestion collective et démocratique de nos établissements conforme à la conception progressiste et ambitieuse que nous avons de nos missions.
Dans la fonction publique française, lorsque le pouvoir perd de vue l’intérêt général, c’est aux agents qu’il revient de le rappeler et de le défendre.
Laurent Tramoni