De la formation continue ! Oui ! Le SNES en réclame depuis toujours ! Il n’y a pas de système éducatif de qualité sans formation initiale et continue riche et exigeante. Et on est loin du compte !
Après l’épisode de la suppression totale de la formation initiale par la droite, aujourd’hui les jeunes ESPE peinent à répondre aux attentes des stagiaires. Quant à la formation continue… une peau de chagrin qui se résume depuis plusieurs années à de l’adaptation au poste et à la promotion des réformes et pratiques à la mode.
La situation tourne à la rentrée 2015 à la caricature : à la demande du ministère, l’académie consacre le plus gros de ses moyens en formation continue à la formation à la réforme du collège, au détriment de tout le reste, et même de la formation REP+ pourtant promue tambour battant l’an passé, et terriblement nécessaire.
Pourquoi alors le SNES appelle-t-il à boycotter la formation à la réforme du collège pendant les vacances ? La réponse n’est pas entièrement dans la question. Passons l’inconséquence d’un employeur qui place de la formation continue en dehors du temps de travail de ses agents. Passons l’aumône que représentent 100 euros pour deux jours de travail quand on est un cadre A de la fonction publique dont l’indice de rémunération est gelé depuis 10 ans.
Que nous propose-t-on ? De former quelques collègues issus du conseil pédagogique, pour former ensuite les autres. Deux jours de formation pour qu’un prof de maths ou de techno forme des profs d’anglais, de français, d’arts plastiques ? A l’interdisciplinarité ou à l’accompagnement personnalisé ? A moins qu’il s’agisse seulement d’ingurgiter la communication lénifiante du ministère pour persuader les collègues, ces innocents, des vertus de la réforme ? Ou de constituer un « pool » d’enseignants « loyaux » capables de dicter aux autres ce qu’ils doivent faire ? On ne voit pas ce que ça pourrait être de plus !
C’est pourquoi le SNES-FSU appelle les collègues à boycotter ces formations : non à la formation pendant les vacances, pas de sous-chefs en salle des profs !
Autre nouveauté, le mail reçu par l’ensemble des personnels de l’académie les incitant à participer à la formation sur la laïcité. L’institution semble par-là marquer l’importance qu’elle accorde à ce sujet, notamment depuis les attentats de janvier 2015, et il on ne saurait lui en tenir rigueur. Pourtant cet effort de communication masque mal l’absence totale d’effort budgétaire.
L’Enseignement Moral et Civique se crée à moyens constants en collège et dans les séries générales. Et au détriment des autres enseignements dans les voies technologiques et professionnelles. Et la formation à la laïcité se fait essentiellement à distance, et donc en dehors du temps de service à nouveau, et par bassin pour en réduire les coûts.
Le SNES rappelle que la formation sur la laïcité ne peut se faire que sur la base du volontariat. Et qu’on ne saurait exiger d’un agent qu’il ait validé un tel parcours de formation.
La formation continue sur le temps de travail est un droit des fonctionnaires. Elle est une nécessité pour la qualité du service public, les professeurs en demandent. Mais certainement pas à n’importe quel prix. La formation continue est déjà peu satisfaisante, par son volume et son contenu, ce dont témoigne la faible participation aux stages. Il suffirait de continuer dans ce sens pour qu’elle soit rapidement discréditée.
Caroline Chevé