Si les travaux du CHSCT académique n’ont débuté cette année qu’en mars, son activité a été cependant très riche comme nous le verrons dans l’ordre du jour. Le groupe de travail EPS a ainsi pu réaliser deux visites d’établissement pour enrichir son analyse des conditions de travail des enseignants d’EPS. Nous avons pu observer qu’aux conditions matérielles parfois indigentes s’ajoutent des problématiques spécifiques à cette catégorie de personnels : exercice professionnel exposé au bruit et aux variations climatiques, TMS, difficultés liées à la grossesse et/ou à l’allongement des carrières... Problématiques qui touchent aussi les PE du 1er degré à qui cette enquête pourrait être étendue.
Une délégation s’est aussi rendue dans un CIO, celui de Marseille Centre, afin d’étudier l’impact de la restructuration des CIO marseillais. Nous pouvons regretter que cette visite soit intervenue seulement en aval, elle a cependant révélé qu’une véritable concertation des personnels aurait permis de diminuer les risques à la fois de dysfonctionnement et d’apparition d’un mal-être au
travail. Pour la FSU, ces visites doivent donner lieu à des améliorations des conditions de travail pour les personnels rencontrés et, au-delà, ouvrir des pistes de prévention pour les enseignants d’EPS et les conseillers d’orientation psychologues de l’académie.
Aujourd’hui, le sujet central de nos discussions porte sur les risques psychosociaux. Jusqu’ici peu connus et reconnus, les RPS sont désormais l’objet de la plus grande attention : objet de littérature scientifique, source d’inquiétude pour les employeurs qui les voient se développer et cause de pathologies pour les professionnels à tous les niveaux de responsabilité, professionnels qui
voient leur relation au travail se dégrader. La notion de risque psychosocial est nouvelle, complexe, difficile à appréhender, car elle comprend à la fois des facteurs de risques et des troubles médicaux.
Mais ce concept scientifique recouvre un ensemble de difficultés bien réelles : la multiplication, dans les établissements scolaires, des tensions et des situations de harcèlement, la dégradation des conditions de travail, l’aggravation du mal-être au travail conduisent à des arrêts maladie plus ou moins longs, à des gestes suicidaires parfois. Le risque psychosocial constitue un risque majeur
pour nos professions. L’administration est confrontée à l’expression grandissante des difficultés liées au travail : épuisement professionnel, troubles anxio-dépressifs, TMS... Les services RH, la médecine de prévention et la psychologue clinicienne sont de plus en plus sollicités pour accompagner les personnels et gérer les situations individuelles. Cette « réparation », cet
accompagnement sont indispensables, mais une politique RH de la santé au travail, aussi efficace soit-elle et conduite avec la meilleure volonté du monde est insuffisante, si elle n’est pas accompagnée de mesures de prévention primaire.
Les grandes transformations du travail ces dernières années (réforme du lycée,
transformation des missions des COP, nouveaux rythmes scolaires, restructurations de services...) l’ont montré. Faites à marche forcée en refusant de prendre en compte l’avis des personnels, en contraignant les professionnels à s’adapter aux nouvelles prescriptions, les différentes réformes ont eu des répercussions sur la qualité du travail, sur la qualité de vie au travail et sur la santé des agents. Les injonctions descendantes, parfois contradictoires, et les formations technocratiques visant à promouvoir des réformes dont le contenu et les modalités sont contestées par la profession n’est décidément pas la bonne démarche. Et sur ce point, l’Education Nationale ne semble toujours pas prête à tirer les enseignements des erreurs passées, comme le montre méthode choisie pour réformer le collège ou les rythmes scolaires. Gageons que dans notre académie, l’administration et les représentants des personnels sauront se montrer vigilants pour que les transformations à venir ne se fassent pas au détriment de la santé des agents, c’est-à-dire au détriment du service rendu au
usagers. Si les personnels usent leurs forces dans des situations de souffrance au travail, c’est autant de forces en moins au service des élèves.
La question qui doit nous occuper est : quelle politique de santé au travail l’académie d’AixMarseille veut-elle mettre en œuvre ? Pour la FSU, l’engagement des services auprès des personnels est indéniable, mais l’institution doit aussi se donner les moyens d’agir. La médecine de prévention
reste encore à ce jour insuffisante pour le suivi des personnels dans l’ensemble de l’académie et pour assurer les visites médicales prévues par les textes. Le coût financier d’une politique de santé est un investissement sur le long terme. Se donner les moyens de développer la prévention en agissant sur
les causes quand des troubles se produisent. En agissant le plus en amont possible : pour cela, il apparaît indispensable d’informer et former les personnels aux questions de santé au travail, de former aussi peut-être à « l’encadrement bienveillant », d’associer les personnels et consulter les
instances représentatives lors des projets de transformation du travail. Nous tenons à vous redire ici que la FSU est prête à poursuivre son engagement avec sérieux et rigueur pour que, dans notre académie, une politique de santé au travail ambitieuse soit conduite.