Impression de rentrée d’un CPE dans un collège de Marseille classé Politique de la Ville .
CPE dans un collège de presque 800 élèves où se mêlent les dispositifs UPE2A, ULIS, SEGPA et avec une mixité riche et très bien appréhendée par les élèves dans leurs relations.
Des relations sociales vite limitées par le port du masque, par la fermeture de lieu de vie pour les élèves, par la réduction des temps de détente pendant la pause méridienne parce que, pour respecter le protocole, on se met à chronométrer le temps de repas de nos élèves.
En cette rentrée, les priorités deviennent la vérification des stocks de gel et de masques alors qu’elles devraient être la prise en charge des élèves après une période inédite voire traumatisante pour certains.
Quatre familles ont fait le choix de la scolarisation à domicile comme pour symboliser l’abandon par le gouvernement actuel d’une partie de la population. Le déni affiché par les pouvoirs publics a pour effet de prolonger le confinement de certaines familles qui ne croient plus aux illusions dont nous berce le ministre actuel.
O Joie de découvrir de nouveaux collègues enseignants, agents, AED à la pré-rentrée, dont on ne connaît pour l’instant que la moitié du visage.
Des questionnements reviennent sans cesse sur la nécessité de fournir des masques aux familles dans le besoin, sur l’éducation aux gestes barrières avec cette volonté de rester dans la prévention avant la punition ou la sanction en essayant de garder un cadre rassurant pour nos élèves.
O Joie de retrouver les élèves, et joie partagée car je n’ai pas le souvenir d’avoir senti les jeunes être autant emballé par le retour à l’école.
Ils le montrent, ils le disent « ça nous avait manqué »
O Joie de retrouver les habitudes de travail, le cœur du métier, la relation à l’élève …
Relation vite biaisée par le premier entretien, assez compliqué puisqu’il faudrait presque s’armer de pancarte avec des « emojis » pour exprimer nos émotions.
Nous guidons nos entretiens grâce à des changements de rythme dans la voix, le regard, des manifestations de colère, de déception, de joie, de fierté mais là tout est brouillé. Il faut insister, reformuler, expliquer et se réinventer pour pouvoir communiquer.
Nos élèves que nous connaissons si bien avec qui nous voulons éviter le quiproquo, la mauvaise interprétation, être sûr que l’humour est bien perçu, que la colère n’est pas vécue trop durement.
Des entretiens qui se ressemblent …mais ne ressemblent pas à ceux des années précédentes, de par leur contenu, comme si les situations sociales étaient devenues plus lourdes, comme si la crise sanitaire avait accru la misère ou libéré la parole, comme s’il était devenu moins tabou d’exprimer la souffrance.
O désespoir… la demi-pension …. Un calvaire quand on veut tenir coûte que coûte les préconisations protocolaires. On assiste encore une fois à la preuve flagrante de la méconnaissance de nos conditions de travail puisqu’aucun moyen n’a été alloué pour pouvoir mener ces objectifs à bien.
Aucun poste d’encadrement supplémentaires, aucun allégement d‘effectifs, aucune prise en compte des séquelles des 6 derniers mois sur notre public, on leur demande de revenir comme si de rien n’était … mais masqués.
Les collègues d’Atelier, d’EPS, d’Éducation Artistique doutent sur le bon déroulé de leur séance et échangent avec les Assistants d’Éducation sur les conditions d’accueil en permanence,
Une permanence où se trouve l’isoloir et l’urne nécessaire à la prochaine élection des délégués mais comment faire pour éviter, les déplacements, les manipulations de papier, de stylo, de matériel.
Comment continuer à garder l’authenticité d’un scrutin ? On me répondra que les outils numériques actuels permettent un comptage arithmétique du nombre de voix avec le vote électronique …. L’animation éducative c’est la répétition des exercices civiques, avec explication, avec interaction, avec des bulletins blanc, nuls avec des essais et des erreurs qui font de l’école le principal laboratoire d’apprentissage de la démocratie
O rage, l’école que nous voulons ne doit pas ressembler à l’école de la rentrée 2020. Le SNES, avec la FSU, est porteur d’un tout autre projet de société que celui imposé aujourd’hui, renouant avec l’ambition actualisée des principes fondateurs du Conseil national de la Résistance.