Dans un article du 22/03/2018 de Denis Clerc Fondateur d’Alternatives Economiques intitulé :
Arrêtons de plaindre les retraités ! l’auteur commence son propos de la façon suivante :
Autant je soutiens la mobilisation en faveur de l’emploi dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), autant je désapprouve la bronca des retraités qui s’estiment lésés.
Notre camarade Jean Paul Beauquier lui répond
L’humanisme mal pensé…
On aurait pu attendre mieux en guise de prise de position sur le sort des retraités de la part de l’un des fondateurs d’Alternatives économiques.
Au lieu d’une analyse critique, il nous livre en effet des éléments de langage du catéchisme néo-libéral et de la com’ gouvernementale depuis que la classe politique française s’est lancée dans le démantèlement progressif non seulement du système des retraites mais également dans le déni du droit à pension et de ce qu’il recouvre. Outre qu’il ne semble pas d’une grande honnêteté intellectuelle de mettre en avant la situation des EHPADs pour faire semblant de dégager une priorité en leur faveur, type d’opposition aussi peu pertinente que lorsque Macron oppose les agriculteurs aux cheminots, il n‘est pas davantage satisfaisant d’ajouter une opposition manipulatrice entre la pauvreté des enfants et celle des retraités, sans dire un mot du système de production dans lequel précisément s’installent les réalités sociales et le creusement des inégalités.
Rappelons donc deux éléments du débat :
- La majorité écrasante de la population active, plus de 90 %, est salariée ; la pension de retraite est une rémunération continuée du travail, et non une allocation sociale.
- Mélanger le niveau des pensions et donc l’amputation que représente pour la majorité des retraités l’augmentation de la CSG ( pour ne prendre que cettetaxation), au-delà même des annonces autour des 1200 € en oubliant que ce qui est pris en compte c’est le revenu fiscal du foyer, d’une part et le niveau de vie est une entourloupe idéologique.
M. Clerc le sait d’autant mieux que dans la revue dont il s’honore d’être l’un des fondateurs, un article met en évidence l’impact du niveau de vie, autrement dit du revenu disponible, sur l’espérance de vie ( n° de mars, p.81).
Argüer du fait que les retraités « en général », on admirera la précision, sont plus souvent propriétaires de leur domicile, moins endettés et ont de moindres besoins vestimentaires est du même niveau que de polariser l’opinion publique sur les croisières et aussi arrogant que Macron invitant un jeune à travailler pour se payer un costume.
Pour quel motif les gens travaillent-ils, sinon précisément pour vivre dignement, de manière autonome et à l’unisson du corps social tout entier ?
Reprocher aux retraités la constitution d’un patrimoine et vouloir l’intégrer au traitement dont ils doivent être l’objet de la part de la société est soit prétendre que le salaire ne sert qu’au maintien en vie et à la reconstitution de la force de travail, soit avouer franchement que le droit à la retraite n’est qu’un leurre.
Jean Paul Beauquier
Voir l’article de D Clerc dans son intégralité :