L’analyse de la rentrée par la CA du vendredi 7 septembre 2012, lire ici
SNES Aix-Marseille
Le 9 septembre 2012
Le SNES Aix-Marseille dans la presse : cliquer ici
La rentrée serait réussie si l’on en croit les administratifs. Les professeurs sont plus circonspects. Avec 285 suppressions d’emplois dans les collèges et les lycées de l’académie, legs de l’ancien ministre de l’éducation nationale, l’académie subit pourtant un sous-encadrement chronique.
C’est d’abord le professionnalisme des équipes pédagogiques et éducatives qui a permis le bon accueil des élèves lors de l’ouverture des collèges et des lycées. C’est en effet une rentrée dynamique pour les professeurs qui ont vu avec soulagement le nouveau ministre annoncer la fin du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux dans l’Education Nationale, le recrutement prochain de 60 000 emplois supplémentaires, le rétablissement d’une petite décharge de service pour les lauréats aux concours, le renfort des vies scolaires, l’abandon du décret inadmissible confiant l’évaluation pédagogique au seul chef d’établissement. Ils y voient une reconnaissance de la parole qu’ils portent depuis plusieurs années. Ils sont très attentifs aux débats, concertations et négociations en cours et espèrent que leurs propositions seront entendues dans le cadre de la préparation de la nouvelle loi d’orientation sur l’école.
Car il y a urgence ! Les moyens humains ont été optimisés à l’extrême pour qu’il y ait un professeur devant chaque classe le jour de la rentrée, de telle sorte que la rentrée médiatique ne soit pas gâchée par la pénurie. Mais l’édifice est branlant : les postes à cheval entre deux, voire trois établissements, touchent 15 % des professeurs et nuisent à l’unité des équipes pédagogiques et au suivi des élèves. Si les professeurs n’acceptaient pas en moyenne un accroissement de leur service hebdomadaire de 10%, la rentrée ne pourrait pas se faire. Le potentiel de remplacement est exsangue et dans quelques semaines, l’académie sera à nouveau contrainte de rechercher par petites annonces des remplaçants, pour mettre dans les classes où les professeurs titulaires ne pourront quoiqu’il arrive pas être remplacés à moins de trois semaines.
La rentrée n’a pu se faire qu’au prix d’un compactage des élèves dans des classes surchargées et en réduisant les temps de travail en petit groupe. Les effectifs en collège grèvent les possibilités de réussite des élèves.
La situation est préoccupante dans les lycées : l’arrivée en terminale de la réforme Chatel se traduit par une désorganisation des actions pédagogiques et nuit à la qualité du service rendu aux élèves. Les classes à 35 élèves sont la norme, l’accompagnement personnalisé se fait soit en classe entière soit de façon parcellaire, la complexité des dispositifs Chatel et l’émiettement des horaires conduit à des emplois du temps de classes déstructurés et anti-pédagogiques, de nombreux élèves n’ayant par exemple plus de pause méridienne ou ayant inversement de nombreux temps morts, les horaires, les options, parfois même les enseignements obligatoires ne sont pas toujours proposés. Les professeurs de Langues vivantes demandent instamment un moratoire sur les nouvelles épreuves au baccalauréat qui prévoient un contrôle en cours de formation par le professeur de la classe sans cadrage précis. Les professeurs des disciplines technologiques industrielles dénoncent la décision technocratique de les obliger à changer de discipline pour parachever la réforme Chatel de la voie Technologique, une des plus contestées. Alors que la réforme Chatel prétendait rééquilibrer les voies et les séries, on note des difficultés de recrutement dans la voie technologique, une baisse des taux de réussite en lycée professionnel suite à l’instauration du bac pro 3 ans, et une érosion confirmée de la série L et des enseignements littéraires.
La situation est également grave dans les établissements ECLAIR, dans les collèges en particulier, où seulement la moitié des postes vacants ont été pourvus par des titulaires. Le SNES estime qu’un quart des professeurs dans les ECLAIR sont des personnels précaires, un tiers sont des collègues qui ne sont nommés que pour un an. Pourtant, tout le monde s’accorde pour insister sur l’importance de la stabilité des équipes pour la réussite des élèves des établissements de l’éducation prioritaire. Manifestement, le même turn over et le même manque d’attractivité touchent les postes de direction dans les établissements ECLAIR, avec comme conséquences de graves dysfonctionnements dans plusieurs collèges ECLAIR. Partout, les pratiques du néo-management gagnent de plus en plus d’équipes de direction, avec les excès, et parfois les caricatures, que les salariés du privé contestent de longue date.
Il y a urgence à investir dans le second degré pour améliorer les conditions de travail et d’étude dans les collèges et les lycées. Il y a urgence à revenir sur les réformes Chatel qui introduisent du désordre et de la désorganisation dans les collèges et les lycées. Le second degré est à ce stade l’angle mort dans la politique du nouveau ministre. Cela ne peut durer, sauf à entériner le sacrifice, sur l’autel des suppressions de postes et des réformes Chatel, de l’ensemble des collégiens et des lycéens actuels.
Le SNES sera vigilant. Il portera les enjeux du collège et du lycée au cœur des débats sur la loi d’orientation.