Un contexte de montée du mécontentement et des mobilisations
Après la réussite de la journée d’action du jeudi 18 octobre, la confrontation entre le gouvernement et les salariés devrait entrer en Novembre dans une phase critique : avec l’appel à la grève, possiblement reconduite de jour en jour, chez les cheminots le mardi 13 novembre, avec l’appel unitaire à la grève dans le secteur de l’énergie et à la RATP le mercredi 14 novembre, l’appel unitaire à la grève dans la Fonction Publique, l’Education Nationale et à la Poste le mardi 20 novembre, à l’ANPE le mardi 27 et dans la justice le jeudi 29 novembre, les mobilisations qui s’annoncent devraient mettre le mécontentement social au premier plan. Parallèlement, les étudiants sont en cours de mobilisation contre la loi Liberté et Responsabilité des Universités (LRU), loi dont nous continuons à demander l’abrogation.
Le contexte politique et social
Sur la question du pouvoir d’achat, sur celle des retraites, sur la place des services publics et sur celle de l’Etat et de la Fonction Publique, le gouvernement ne répond pas aux difficultés sociales. La hausse des prix de l’énergie, du logement, de l’alimentation et des produits de première nécessité rend plus criante encore la baisse du pouvoir d’achat, et contraint à un bilan lucide de plusieurs années de politiques de bas salaires et de monnaie forte. La liquidation de la Fonction Publique traduit la volonté de modifier les fondements mêmes de la société française. Quant à la défense des droits et des libertés, elle reste présente dans les préoccupations, au sujet de l’accueil des étrangers en particulier, au même titre que les réorientations de la diplomatie française. En particulier, la FSU veillera à assurer le soutien à florimond lors du délibéré de son procès le 21 décembre. Enfin, la ratification du Mini-Traité Européen relance les interrogations sur le type de construction européenne que les populations attendent.
La politique éducative
Dans le secteur éducatif, le gouvernement prépare des retraits de moyens massifs. Entre 2002 et 2012, ce sont 100 000 emplois qui pourraient être supprimés dans le système éducatif. Pour une grande part, ils touchent l’encadrement pédagogique et éducatif dans le second degré. En conséquence, la commission Pochard prépare la modification des procédures d’évaluation des enseignants pour donner aux Chefs d’établissement les moyens d’imposer un alourdissement de la charge de travail et un élargissement des missions : accroissement des heures supplémentaires imposables, bivalence, prise en charge complète de l’orientation par les enseignants, augmentation du nombre de classes par enseignant … Dans le même temps, la réduction de l’offre de formation s’organise (moins d’options, moins d’heures, moins de dédoublements, moins de séries, moins d’enseignements). En particulier, une réforme des lycées et du baccalauréat serait en préparation pour traduire rapidement dans les faits ces orientations. En collège, le recentrage sur le socle commun s’intensifie.
Quelle stratégie syndicale ?
Si la réussite du mouvement dans les transports et dans l’énergie sera déterminante pour les suites des mouvements, c’est la journée du 20 novembre qui est annoncée comme étant le temps fort de convergence des mobilisations. Dans certains départements, comme dans les Bouches-du-Rhône, des appels unitaires sont en cours pour faire du 20 novembre une journée d’action inter-professionnelle. Le SNES se félicite de cette dynamique de mobilisation autour de la journée nationale de grève dans la Fonction Publique et dans l’Education : cela matérialise d’une part la place essentielle qu’occupent les fonctionnaires et leurs missions dans le contrat social, et d’autre part, la volonté de créer des temps de rassemblement des luttes qui se développent dans chaque secteur.
Dans le même temps, se pose fortement la question de la visibilité de notre plate-forme et de nos revendications. Face à un gouvernement qui dispose de tous les leviers du pouvoir pour 5 ans, qui continue à bénéficier d’une bonne image dans l’opinion publique, qui a annoncé un programme conséquent de réformes de fond et de remodelage de la société française, la perspective d’une victoire rapide et totale n’est pas certaine. Cela signifie que notre action doit se donner les moyens de durer sur plusieurs mois et que nos objectifs doivent à la fois consister à contrer les attaques et à obtenir des améliorations concrètes et immédiates pour les salariés : l’ouverture de négociations sur les salaires et le pouvoir d’achat, sur la charge de travail et sur la pénibilité, sur les débuts et les fins de carrières, sur les aspects les plus insupportables de la réforme des retraites (décôte, sort réservé aux femmes, années d’études, poly-pensionnés …) est impérative. Engranger rapidement les fruits de nos mobilisations est élément déterminant pour les luttes à venir tout au long du quinquennat de Nicolas Sarkozy.
Construire un mouvement puissant dans la durée
Le SNES Aix-Marseille appelle tous les personnels à se mettre en grève le mardi 20 novembre. Une grève très largement majoritaire dans le second degré est possible. Elle marquerait la détermination de toute une profession. Chaque section syndicale mettra tout en œuvre d’ici le mardi 20 novembre pour convaincre chaque collègue de la nécessité de la grève.
D’ici aux vacances d’hiver
Mardi 20 novembre après-midi, le SNES appelle à réunir dans chaque département des assemblées de S1 pour déterminer avec les collègues les suites de l’action, au regard du bilan qui pourra être fait des mobilisations en cours. Le SNES Aix-Marseille met en débat la perspective de nouveaux temps forts nationaux fin novembre et mi-décembre (journée de grève, journée de manifestations, réunions publiques, rassemblements …). Le SNES appelle par ailleurs à participer aux assemblées générales inter-professionnelles unitaires qui pourront être organisées par les unions/sections locales dans les différentes communes. La mobilisation doit se matérialiser au quotidien dans les établissements scolaires (à la manière de ce que nous avons connu l’an dernier).
Au deuxième trimestre
Le SNES Aix-Marseille se prononce d’ores-et-déjà pour qu’une manifestation nationale soit organisée en janvier. Il est souhaitable que ce soit une manifestation unitaire sur les questions d’Education, associant les fédérations de l’Education Nationale, les associations de spécialistes, de parents d’élèves, de lycéens et les syndicats d’étudiants. A défaut, le SNES devrait s’engager sur l’organisation d’une manifestation nationale second degré.
Gagner dans les têtes : une condition nécessaire
Dans les jours qui viennent, il est essentiel que les militants et les syndiqués mènent le débat d’idées avec les collègues, avec les parents, avec les élus et avec la presse, pour convaincre de la gravité des attaques contre l’école et les enseignants, contre la fonction publique et l’Etat, et des conséquences pour les usagers et les citoyens.
A destination des collègues, le questionnaire du SNES sur nos métiers est un précieux support pour la discussion. Massivement rempli et renvoyé au SNES national, il permettra à la profession de dresser son propre état des lieux à mettre en regard de celui que devrait rédiger la commission Pochard. La CA académique élargie du vendredi 30 novembre sera l’occasion, en présence de Frédérique Rolet, co-secrétaire générale du SNES, d’avoir un débat approfondi sur le devenir de nos métiers. Le S3 appelle à assurer une participation fournie à cette CA.
Plus généralement, le SNES Aix-Marseille va ouvrir sur le site internet www.aix.snes.edu une partie dite « Recherches d’alternatives » dont l’objet est de recenser et de rassembler des informations, des articles, des analyses permettant de nourrir la réflexion collective et le débat public.
Le SNES considère que la ratification du Mini-Traité Européen nécessite que les citoyens soient informés du contenu du Traité et qu’ils soient associés au débat démocratique sur ce point. Aussi, le SNES n’est pas favorable à la ratification par la voie parlementaire et demande la tenue d’un référendum. Le SNES appelle la représentation nationale, exécutif et législatif, à prendre les mesures nécessaires pour que le processus de ratification aboutisse à la tenue d’un référendum.
Appel à syndicalisation
Le SNES Aix-Marseille lance un appel solennel à la syndicalisation du plus grand nombre de collègues, enseignants, CPE, COPsy, MI-SE, aides-éducateurs, … Cet appel mérite d’être relayé activement dans chaque établissement. Renforcer le SNES, syndicat majoritaire, cela est à notre portée. Cette année, le nombre de syndiqués à jour de leur cotisation début novembre est le plus important depuis au moins 5 ans : il nous faut fortement amplifier cette tendance, non seulement en veillant à la ré-adhésion des adhérents de l’an dernier, mais aussi en nous adressant à chaque collègue.